WINNIPEG, Manitoba –
Au sein de l’Aviation royale canadienne (ARC), on dit souvent que « la flexibilité est la clé de la puissance aérienne ». C’est exactement ce que des membres des Forces armées canadiennes (FAC) et du Département de la Défense des États-Unis ainsi que d’autres intervenants ont pu constater le matin du 27 mai 2020 en assistant virtuellement au plus récent de la série des séminaires sur la puissance aérienne dans l’Arctique, qui ont été renommés les Séminaires sur la puissance aérienne fondée sur le positionnement agile interarmées (Joint Agile Basing Air Power Seminar [JABAS]).
À titre de partenaires de défense durant cette période où sévit la COVID-19, nos intervenants se doivent de continuer à organiser cette réunion essentielle et efficace qui se trouve à être la quatrième de ce genre. Plutôt que d’exposer le groupe à des risques d’infection au coronavirus, on a pris la décision de tenir le plus récent séminaire par vidéoconférence.
Cette fois-ci, le groupe a mis l’accent sur les quatre thèmes clés suivants : compréhension des capacités et des infrastructures existantes dans les communautés du Nord du Canada; discussion sur les opérations actuelles dans le Nord du Canada; évolution du réapprovisionnement du lieu habité en permanence le plus septentrional en Amérique du Nord (la station des Forces canadiennes [SFC] Alert); émergence de la technologie nécessaire aux installations temporaires destinées à l’entretien des aéronefs dans le froid extrême du Nord du Canada.
« Nous nous engageons à mettre en commun l’expertise de l’industrie, des milieux universitaires, des gouvernements et des militaires afin de discuter des solutions possibles aux problèmes auxquels nous faisons face », a affirmé le brigadier-général (Bgén) de la United States Air Force Ed « Hertz » Vaughan, commandant adjoint de la Région canadienne du NORAD et commandant adjoint de la composante aérienne de la force multinationale/interarmées pour la 1re Division aérienne du Canada.
« À la suite de près de trois décennies d’opérations dans des environnements polaires, j’ai appris que le travail d’équipe entre les organisations, la communication ouverte et la volonté de penser de façon créative sont les éléments clés d’une exécution réussie. »
Au cours du séminaire, le groupe a discuté de l’évaluation en cours d’un système temporaire de hangars destinés aux aéronefs, connu sous le nom d’abris pour aéronefs de la force expéditionnaire (EFASS). Actuellement, on a construit une structure de ce genre à la 4e Escadre Cold Lake, située au centre-est de l’Alberta. Les températures hivernales moyennes de cette région peuvent avoisiner les -30 degrés Celsius ou moins, pendant des semaines, ce qui en fait le terrain d’essai parfait pour des solutions technologiques liées à des conditions météorologiques de froid extrême.
On prévoit construire deux autres de ces abris et en évaluer le rendement, au cas où des structures semblables seraient nécessaires plus au nord pour des missions du NORAD en situation réelle ou des missions humanitaires.
Au Canada, on a l’habitude d’effectuer des opérations nationales dans des conditions météorologiques de froid extrême toute l’année. Comme on l’a mentionné précédemment, le lieu habité en permanence le plus septentrional en Amérique du Nord (SFC Alert) se trouve au Canada, à près de 500 milles marins au sud du pôle Nord; l’endroit est, en fait, plus près de Moscou qu’il ne l’est d’Ottawa.
Le réapprovisionnement de cet endroit éloigné et extrêmement froid exige un effort tout au long de l’année au moyen de petits vols de réapprovisionnement mensuels et de deux livraisons d’approvisionnement de grande échelle : une à l’automne et une au printemps durant une opération appelée « Boxtop ». Habituellement, cette opération est organisée à partir de la base la plus au nord de la United States Air Force, la base aérienne américaine de Thulé, près de Qaanaaq, au Groenland. Récemment, en raison des précautions prises liées à la COVID-19, certaines des missions de la base de Thulé prévues pour le printemps ont été directement organisées à partir de Trenton, en Ontario, et de Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest.
Cette situation a constitué un important défi, principalement en ce qui a trait à la vaste distance à parcourir entre Trenton et la SFC Alert ainsi qu’au transport d’un volume « normal » d’approvisionnement et de carburant.
La solution la plus viable pour contourner le problème a été ce que l’ARC appelle des « Mini‑Boxtops », qui lorsqu’ils sont mis ensemble pour former un groupe sont de plus en plus connus sous le nom de « Boxtop Next ». Les « Mini-Boxtops » sont une série de plus petites livraisons d’approvisionnement, mais tout de même plus grandes que le réapprovisionnement normal mensuel de courrier, de nourriture fraîche et d’autres approvisionnements, qui ont lieu tous les mois.
On prévoit mettre au point les « Boxtop Next » au cours des prochains mois, en tant que moyen de possiblement établir une façon plus durable et efficace de mener des missions de réapprovisionnement à la SFC Alert et à d’autres endroits situés en Arctique.
Toutes ces activités accrues dans le Grand Nord canadien exigent énormément de coordination avec nos partenaires de la Force opérationnelle interarmées (Nord) (FOIN), située à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. Dans le cadre de leur appui aux opérations dans le Nord canadien, les membres de la FOIN dirigent la planification et l’exécution de ce que les FAC appellent les exercices de « série N », sous la bannière des activités de l’Op NANOOK.
Le rôle de l’ARC dans cette série d’exercices est coordonné au sein de la FOIN par un élément connu sous le nom de l’Élément de coordination de la composante aérienne (Nord) (ECCA [N]). En ce moment, ce rôle est rempli par le récemment promu lieutenant‑colonel (Lcol) Steve Thompson, un pilote de Twin Otter CC-138 et un ancien pilote des Snowbirds des Forces canadiennes : il a parlé au cours du séminaire.
« Notre lien avec les personnes et les communautés dans l’Arctique est essentiel à notre capacité de fournir la puissance aérienne à la chaîne de commandement dans l’Arctique », a indiqué le Lcol Thompson, ECCA FOIN.
« Nous servons le commandant de la FOIN à titre de conseillers et nous assurons la liaison avec toutes les unités de l’ARC pour planifier et mener des opérations et des activités dans la zone de responsabilité de la FOIN, qui comme vous pouvez l’imaginer est un énorme territoire. »
Le Lcol Thompson et son équipe travaillent avec les membres du personnel de la FOIN afin d’assurer la mise en place de la coordination appropriée entre les unités de l’ARC et les communautés locales, ainsi que le respect des processus d’avis appropriés pour ce qui concerne l’utilisation des terres dans l’Arctique. Ils veillent également à ce que le commandant de la FOIN soit informé de toutes les activités de l’ARC dans la région, et offrent ainsi une connaissance de la situation de la région.
Le mandat étayé par le Lcol Thompson ainsi que les opérations et les exercices qu’il aide à gérer ont fait l’objet d’une discussion pendant le séminaire. Malheureusement, en raison des circonstances liées à la COVID-19, de nombreux exercices de la « série N » sont en suspens ou grandement réduits cette année (p. ex. Nunalivut, Nunakput et Tatigiit); toutefois, l’équipe ECCA(N) continue de planifier les futures opérations et d’appuyer toutes les activités nordiques au sein de la FOIN.
Un autre projet auquel les membres de la FOIN travaillent consiste à appuyer l’initiative du commandant adjoint de la composante aérienne de la force interarmées qui est connue sous le nom d’évaluation des aérodromes nordiques, qui est gérée par la 2e Escadre expéditionnaire de la Force aérienne, à Bagotville, au Québec. Ce projet a d’ailleurs fait l’objet d’une discussion lors du séminaire. Ce projet vise à rendre visite à près de trois douzaines de petites communautés éloignées dans l’ensemble du Nord canadien afin d’évaluer les infrastructures de leur aéroport comme emplacements potentiels aux fins des opérations de l’ARC.
Le but est d’établir un réseau d’emplacements fonctionnels pour appuyer des opérations de contingence telles que des missions humanitaires ou liées à des catastrophes environnementales, ainsi que des opérations et des exercices du NORAD.
« Comme pour toute mission dans le Grand Nord canadien, nous comptons grandement sur notre partenariat avec les communautés locales. C’est pourquoi le fait d’avoir la FOIN à titre de chef de file fait partie intégrante de notre stratégie lorsque nous travaillons avec les Canadiens dans l’Arctique », a souligné le Bgén Vaughan.
« Les membres de la FOIN sont le lien dont nous avons besoin auprès des intervenants officiels des gouvernements, du 1er Groupe de patrouilles des Rangers canadiens ainsi que des municipalités et des hameaux dans l’ensemble de la région, afin qu’ensemble, nous puissions protéger nos intérêts collectifs », a-t-il expliqué.
On a mené des évaluations d’aérodromes semblables au fil des ans, mais jamais dans un cadre d’une aussi grande envergure ni dans un aussi grand souci du détail. On prévoit faire de ce projet un élément incitatif au changement, cibler les capacités disponibles et utiliser les relations de travail établies au cours d’occasions comme ces séminaires pour les faire progresser davantage.
Le prochain séminaire pourrait aussi être par vidéoconférence; toutefois, comme les mesures liées à la COVID-19 sont en train de s’assouplir dans l’ensemble du Canada, il est possible que nous aurons l’occasion de nous rencontrer de nouveau en personne, peut-être dans l’une de nos extraordinaires communautés nordiques, afin de poursuivre ce processus collaboratif et d’amener des innovations dans le Grand Nord canadien.